La première séance d’essais libres du Grand Prix de Turquie a été dominée par Lewis Hamilton. Le pilote de Woking devance Jenson Button et Michael Schumacher...

La deuxième séance d’essais libres du Grand Prix de Turquie a été dominée par Jenson Button. L’anglais devance Mark Webber et Sebastian Vettel. Nico Rosberg et Michael Schumacher à bord de leur Mercedes GP W01 occupent les 6^è et 7^è rangs.


Photo : © MercedesGP

Encore un grand prix dominé par les Red Bull ce dimanche. Elles sont décidément insatiables. Mark Webber, 1^er à Monaco est Sébastian Vettel, second, occupent tous les deux le leadership du général avec 78 points. Quelle maestria !

Du côté de chez Mercedes, pas de quoi se réjouir après ce Grand Prix. Schumacher semblait déjà moins incisif qu’il y a une semaine. Il a même été déclassé pour un dépassement illégal contestable. Quant à Rosberg (7^è), il devient urgent qu’il se recadre. Depuis deux courses il est à côté de la plaque. Les McLaren boys n’ont guère fait mieux : Hamilton (5^è) et Button out dès le deuxième tour…. 

Phil. 
Photo : © MercedesGP

En terminant le Grand Prix de Barcelone à la quatrième place, Michael Schumacher a prouvé qu’il pouvait encore être l’auteur de performances plus que satisfaisantes. Cependant si les réglages apporté par Mercedes ont souri à Schumi, Nico Rosberg a de son côté affiché un rythme décevant durant tout le week-end. Ce dernier a perdu des points importants et surtout trois places au classement. L’écurie allemande semble jouer un drôle de jeu.

Quoiqu’il en soit, Michael Schumacher, sixième temps de la première séance d'essais libres du Grand Prix de Monaco était à nouveau devant son coéquipier (11^è) ce matin. Lors de la 2^è séance Nico a toutefois rectifié le tir, il termine second, à de 89 millièmes de la Ferrari de l’Espagnol Fernando Alonso. Schumacher améliore lui aussi en réalisant le 5^è meilleur chrono.  Sans connaître la quantité d'essence précise embarquée ni les réglages testés par les écuries, il est impossible de dire si ce classement reflète fidèlement ou non la valeur des concurrents et s'il sera respecté en qualifications samedi.

Phil.

Photo : © MercedesGP

BERNIE ECCLESTONE : “Ceux qui critiquent Michael ont tort. Laissez-lui le temps de s’adapter à la voiture et aux pneus. Il n’est pas revenu comme un touriste dans le paddock. Il recommencera bientôt à gagner, vous verrez.”

FERNANDO ALONSO : “Il ne faut pas encore écarter Schumacher de la lutte pour le titre. Avec lui et la nouvelle distribution des points, tout reste encore possible.”

MIKA HAKKINEN : “Il ne pense pas à ménager sa réputation une seule seconde. Il sera très déçu s’il ne parvient pas à atteindre le but qu’il s’est fixé. La F1 ne laisse pas le temps. Elle est sans pitié. Elle demande une concentration et une implication totales. Et à 41 ans, il y a d’autres choses importantes dans la vie.”

NIKI LAUDA : “Mercedes ne doit pas modifier sa monoplace pour tenter de l’adapter à son style. C’est Schumi qui doit changer sa façon de conduire pour s’adapter aux pneus avant plus étroit.”

STIRLING MOSS : “Tout ce qu’il va faire, c’est ternir ses accomplissements. Il est dépassé. Il n’a jamais eu d’équipier réellement compétitif. Et, maintenant, il ne parvient pas à faire face à Nico. Ses sept titres sont trompeurs. Il ne prend pas la F1 aussi sérieusement qu’avant. Il n’est plus persuadé qu’il est le meilleur. Son état d’esprit a changé. On dirait que cette année fait partie de sa retraite plutôt qu’une prolongation de sa carrière.”

MARK WEBBER : “Laissez-lui encore un peu de temps. Au moins jusqu’à Monaco. S’il n’est pas bon là-bas, c’est qu’il y a vraiment un problème avec la voiture.”

JACKIE STEWART : “J’ignore si c’est l’âge, les privilèges ou la fortune, mais Michael n’est plus l’homme qu’il était. J’ai l’impression qu’il se donne à 60 %, pas à 100 %.”

DAMON HILL : “On n’a pas encore revu la magie Schumi. Mais la reverra-t-on un jour ?”

FLAVIO BRIATORE : “J’ai toujours dit qu’il serait difficile pour lui de battre Nico Rosberg. En Formule 1, il n’y a jamais eu autant de bons pilotes que durant cette année. Cela va être de plus en plus dur pour Schumacher. Vous ne pouvez pas revenir au sein d’un sport aussi compétitif après 3 ans. Prost l’a fait, mais après une saison seulement.”

MONTMELO Inattendu après trois ans de retraite, son come-back, à 41 ans, fut sans doute encore plus médiatique que ceux de Lance Armstrong, de Michael Jordan ou de Björn Borg.

Mais un peu moins de deux mois et quatre GP (avec pour meilleur résultat une 6e place à Bahreïn) après son retour chez Mercedes GP, 63,3 % du public allemand songe déjà que Schumi a commis une erreur en renfilant sa combinaison. Les critiques fusent de toutes parts, chacun ayant, bien sûr, un avis sur la question, dans le paddock comme au café du commerce. Mais qu’est-il donc arrivé à notre flamboyant septuple champion du monde ?

Il a vieilli, tout d’abord, dans une formule où la moyenne d’âge ne cesse de baisser. Physiquement, l’Allemand semble pourtant ne pas peiner. S’il s’est mis au régime pour tenter de perdre 10 kilos, ce serait plus pour régler un problème de répartition des masses.

Mentalement, même s’il se déclare toujours “extrêmement motivé, prêt à relever le défi”, on peut songer qu’il n’a plus la même hargne, la même soif de multiplier les risques pour aller chercher le dernier dixième. Que le vieux renard compte plus sur son expérience pour compenser. À quarante et un ans, c’est humain.

Mais face à des jeunes loups dans des F1 pas trop compliquées à maîtriser, cela ne suffit pas. En Australie, il a mis 20 tours à se défaire d’un jeune Espagnol (Alguersuari) qui pourrait être son fils. Et en Chine, il s’est fait doubler par un rookie russe.

Grandeur et décadence ? N’oublions pas tout de même qu’à la fin de sa première carrière, Michael S. avait été battu à deux reprises déjà (2005 et 2006) dans la lutte pour le titre par un certain Fernando Alonso.

En trois longues années d’absence, les F1 ont changé : l’aérodynamisme (fort réduit) et les pneus surtout. Pas facile de s’adapter à ces modifications quand le règlement limite de façon drastique les essais privés.

À sa glorieuse époque Ferrari, le Kaiser possédait la meilleure voiture, avec une équipe centrée autour de lui, une F1 faite à la mesure de son talent. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Conçue à la base pour le champion... Jenson Button, la Mercedes W01 (ex-Brawn) n’est pas la meilleure monoplace du plateau. Entre sousvirage et survirage, elle manque d’équilibre général, de vitesse de pointe aussi.

Et puis il y a ce Nico Rosberg à la gueule angélique mais au coup de volant diabolique avec qui Schumi a dû apprendre à partager. Surprenant deuxième du Championnat, quarante points devant le Baron… gris, le fils du champion du monde 1982 enfonce le couteau dans la plaie de son illustre compatriote. On pensait que Nico évoluerait dans l’ombre de son équipier et c’est tout le contraire.

Âge, monoplace pas assez compétitive et ne convenant pas à son style de pilotage, manque d’essais, plateau hyper compétitif, pneus avant plus étroits,… les raisons pour expliquer le début de saison raté de Schumacher ne manquent pas. Faut-il pour autant en conclure définitivement que son retour est un flop ? Ou pire qu’il jettera le gant avant la fin de l’année et sera bientôt remplacé par Nick Heidfeld ?

N’allons pas trop vite en besogne et accordons-lui encore quelques courses pour progresser, au même titre que sa monoplace pas top pour l’instant. Aujourd’hui, la seule évidence est qu’il ne s’impose plus comme le n°1.

Ni de la F1, ni même dans son écurie.

“Mais j’ai signé pour trois ans”, rappelle l’ex-ogre rouge aux plus sceptiques. “Mes objectifs sont de renouer avec la victoire et de remporter le Championnat d’ici à 2012. Rien n’est encore perdu.”

O. d.W.

http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=1044563